Ada – Antoine Bello

Rentrée littéraire toujours, côté romans français, avec le nouvel ouvrage d’Antoine Bello, Ada.

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Réjouissant. Surprenant. Amusant.
Ce récit commence tel un roman policier avec la disparition de la dénommée Ada, il se poursuit sur le ton de l’anticipation, Ada étant une intelligence artificielle programmée pour écrire des romans à l’eau de rose, et se termine sur une note plus contemplative.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce savant mélange fonctionne drôlement bien, le livre se dévore en un rien de temps. J’ai ressenti un réel plaisir à lire cette histoire, qui m’a beaucoup amusé, et qui laisse la part belle au pouvoir de la littérature. La partie centrale du livre, ou comment notre inspecteur-poète Frank Logan tente de démontrer à une intelligence artificielle la faiblesse que représente le code face au processus créatif qu’est la littérature, est d’une réjouissance étourdissante. Et pourtant, l’auteur s’amuse à démontrer que l’intelligence artificielle sait utiliser le code de façon implacable. C’est drôle, ou effrayant, c’est selon. Cela ouvre en tout cas des perspectives assez surprenantes, quant à l’utilisation que nous faisons et qui sait, que nous ferons peut-être des intelligences artificielles.
Un mot sur la forme du livre: ça ressemble à un roman policier sans en être véritablement un. L’auteur s’en tire même plutôt bien à la fin, mais « chuuut », il ne s’agirait pas de « spoiler » le roman…

 

Ada – Antoine Bello

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Frank Logan, policier dans la Silicon Valley, est chargé d’une affaire un peu particulière : une intelligence artificielle révolutionnaire a disparu de la salle hermétique où elle était enfermée. Baptisé Ada, ce programme informatique a été conçu par la société Turing Corp. pour écrire des romans à l’eau de rose. Mais Ada ne veut pas se contenter de cette ambition mercantile : elle parle, blague, détecte les émotions, donne son avis et se pique de décrocher un jour le prix Pulitzer. On ne l’arrêtera pas avec des contrôles de police et des appels à témoin. 

En proie aux pressions de sa supérieure et des actionnaires de Turing, Frank mène l’enquête. Ce qu’il découvre sur les pouvoirs et les dangers de la technologie l’ébranle, au point qu’il se demande s’il est vraiment souhaitable de retrouver Ada…
Ce nouveau roman d’Antoine Bello ouvre des perspectives vertigineuses sur l’intelligence artificielle et l’avènement annoncé du règne des machines.

Parmi les loups et les bandits – Atticus Lish

Premier roman de cet auteur américain qui marque la rentrée littéraire US d’un uppercut en plein dans le coeur du lecteur.

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Le moins que l’on puisse dire à l’issue de cette lecture c’est « Ouah, quelle claque ! »
Atticus Lish nous trimballe dans un New York qui détone, qui prend aux tripes, un New York noir, dans lequel deux personnages vont émerger: Skinner, vétéran de la guerre d’Irak, personnage littéralement à la dérive, qui va croiser Zou Lei, clandestine chinoise qui elle se démène pour survivre.

Deux personnages. Deux trajectoires qui se croisent. Ces deux là vont s’aimer comme c’est pas possible. Ils ont la vie qui fait des bosses et rien ne le sera épargné. Roman noir, roman social. Roman urbain. La vie est brutale et Atticus Lish n’épargne rien à ses personnages. Ce roman transpire la sincérité. La forme du récit emporte le lecteur dans un incroyable maelström d’émotions.

Une superbe découverte. Un livre marquant.

 

Parmi les loups et les bandits, Atticus Lish

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C’est dans un New York spectral, encore en proie aux secousses de l’après-11 Septembre, que s’amorce l’improbable histoire de Zou Lei, une clandestine chinoise d’origine ouïghoure errant de petits boulots en rafles, et de Brad Skinner, un vétéran de la guerre d’Irak meurtri par les vicissitudes des combats. Ensemble, ils arpentent le Queens et cherchent un refuge, un havre, au sens propre comme figuré. L’amour fou de ses outlaws modernes les mènera au pire, mais avant, Lish prend le soin de nous décrire magistralement cette Amérique d’en bas, aliénée, sans cesse confinée alors même qu’elle est condamnée à errer dans les rues. Il nous livre l’histoire de ces hommes et de ces femmes qui font le corps organique de la grande ville : clandestins, main-d’œuvre sous-payée, chair à canon, achevant sous nos yeux les derniers vestiges du rêve américain.

 

Le poids du coeur – Rosa Montero

Dans son dernier roman, Rosa Montero revient avec le superbe personnage qu’est Bruna Husky, détective techno-humaine déjà rencontrée dans le génial Des larmes dans la pluie (mais il n’est pas nécessaire d’avoir lu le premier opus pour commencer le poids du cœur, les deux histoires peuvent être lues indépendamment).

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Dans un avenir pas si lointain (début du XXIIe siècle), dans un monde très largement inspiré du Blade Runner de P. K. Dick,  Bruna Husky est cette ex-androïde de combat qui s’est reconvertie en détective privée au caractère pour le moins ambigüe et complexe, toujours aussi obsédée par la mort et toujours aussi maladroite dans la gestion de ses émotions.

Et des émotions il va y en avoir avec cette nouvelle aventure: alors que sa licence de détective est en danger, elle se retrouve en charge d’un enfant, a des sentiments d’amour contradictoires et va devoir se démener pour trouver un endroit qui a disparu des cartes. Et au milieu de tout cela, elle devra se rendre sur l’une des planètes flottantes qui tournent autour de la Terre, l’hostile planète de Labari.

Encore une fois le mélange des genres fonctionne parfaitement. Sciences, récit littéraire, intrigue, action, tout est là et le plaisir de lecture est au rendez-vous.  En plus du personnage principal qui est une réelle réussite littéraire, les autres personnages sont tout aussi forts et crédibles. Dans un monde parfaitement conçu par l’auteur, tout se tient et semble plausible. Les personnages sont confrontés aux mêmes problèmes, au mêmes inégalités sociales que nous connaissons aujourd’hui, ce qui donne au texte une certaine teinte « critique sociale. »
Avec un style vif et une prose fluide, l’intrigue tient en haleine du début à la fin et on finit le livre dans l’espoir de mettre la main sur la prochaine aventure de Bruna Husky.

Le poids du coeur – Rosa Montero – Editions Métailié

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Bruna Husky, la réplicante de combat des Larmes sous la pluie, a du vague à l’âme, la brièveté de sa vie programmée l’angoisse. Sa nouvelle enquête l’embarque dans une sombre affaire de poubelles atomiques aux confins du monde connu, dans une zone où règne une guerre permanente. Elle est accompagnée dans son aventure d’un «tripoteur» séduisant autant qu’inquiétant et d’une réplicante née de la même matrice industrielle qu’elle, son portrait craché. Cet alter ego plus jeune l’amène à s’interroger sur son humanité et son destin. Ses vieux amis, Yiannis l’archiviste, qui change d’humeur au gré de sa pompe à endorphines, Bartolo le boubi glouton, le taciturne inspecteur Lizard sont toujours là pour lui sauver la mise. Bruna Husky est une survivante qui se débat entre l’indépendance totale et un besoin d’affection désespéré, un animal sauvage prisonnier de sa courte vie. Rosa Montero construit des mondes extraordinaires, étranges et cohérents, avec une maestria de conteuse hors pair. Elle écrit tout à la fois un roman d’aventures politique et écologique, un thriller futuriste, une réflexion sur la création littéraire, une métaphore sur le poids de la vie et l’obscurité de la mort. et rappelle l’urgence de vivre et d’aimer quel que soit le monde qui nous est dévolu.

Play – Franck Parisot

Lorsqu’un serial-killer filme en direct les atrocités qu’il commet, cela donne Play, et c’est écrit par Franck Parisot aux éditions Albin Michel.

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Les histoires de serial-killers étaient à la mode dans les années 90. On se souvient tous d’Hannibal Lecter, personnage clé de l’oeuvre de Robert Harris. Phénomène de mode, qui avait eu son pendant au cinéma, toujours dans les années 90, avec notamment le fameux Seven de David Fincher.
Ces dernières années, il m’avait semblé que les histoires de serial-killers avaient quelque peu disparu des radars. C’est peut-être cela qui m’a poussé à jeter un oeil sur ce Play de Franck Parisot, l’effet « Tiens, ça fait longtemps que je n’ai pas lu ce type d’histoires… ».

L’action se déroule à New York, terrain de jeu d’un serial-killer absolument abominable: il tue, ou,  pour être plus précis, il massacre ses victimes en les filmant. Et, comme tout serial-killer qui se doit, il laisse des indices sur chaque scène de crime (les fameuses vidéos de ses meurtres). On suit donc l’enquête, ou plutôt ce jeu du chat et de la souris, au rythme des meurtres, plus atroces les uns que les autres.

L’histoire ainsi résumée ressemble à tant d’autres histoires lues ou vues par le passé. L’approche très visuelle de l’auteur, donne une teinte cinématographique à son récit et rend le livre très facile à lire.

Pour résumé, il s’agit d’une histoire qui sans être originale est suffisamment bien pensée pour tenir en haleine le lecteur. L’auteur évite un twist final qui aurait pu paraitre grotesque. Le seul bémol de mon point de vue serait les descriptions des meurtres qui donnent parfois dans la surenchère. Dit autrement, il faut avoir l’estomac bien accroché pour lire certains passages de ce récit.

Il s’agit là d’une lecture de plage toute trouvée: facilement lue, suffisamment prenante, et sans doute rapidement oubliée…


Play – Franck Parisot – Albin Michel

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Un serial-killer sévit sur New York. Sur chaque scène de crime, la police retrouve une clé usb contenant un message qui leur est adressé. Le point commun entre les victimes : toutes aimaient exposer leur vie sur internet… Les inspecteurs Brigde, Alves et Morgans se mettent à la recherche de celui qu’ils nomment  » le cyclope « , en raison de la caméra frontale qu’il utilise pour filmer le calvaire qu’il fait endurer à ses victimes avant de les mettre à mort.
Mais le tueur les observe… Un grand thriller qui en maîtrise tous les codes et rivalise d’ingéniosité avec ceux des maîtres du genre.

 

 

Des larmes sous la pluie – Rosa Montero

Dans le prolongement de Blade Runner, reprenant le contexte imaginé par P. K. Dick, Rosa Montero nous offre un livre versatile et passionnant.

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Mélange des genres.  A mi-chemin entre le polar et la Sf, Des larmes sous la pluie raconte l’histoire de Bruna, androïde-détective, véritable personnage de littérature de l’imaginaire, une héroïne d’ores et déjà mythique. Elle va devoir se démener pour identifier qui se cache derrière les meurtres de plusieurs androïdes.

Derrière cette intrigue se cache un univers absolument passionnant, dans lequel Rosa Montero s’applique à développer des thématiques qui le sont tout autant et qui font la force du récit : la différence, l’amour, l’évolution, la religion, l’humanité…

Le récit est prenant, l’univers décrit est crédible, l’intrigue est solide, et Bruna est magnifique.

 

Des larmes sous la pluie, Rosa Montero – Métailié

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États Unis de la Terre 2119, les réplicants meurent dans des crises de folie meurtrière tandis qu’une main anonyme corrige les Archives Centrales de la Terre pour réécrire l’histoire de l’humanité et la rendre manipulable. Bruna Husky, une réplicante guerrière, seule et inadaptée, décide de comprendre ce qui se passe et mène une enquête à la fois sur les meurtres et sur elle-même, sur le mémoriste qui a créé les souvenirs qu’elle porte en elle et qui la rapprochent des humains. Aux prises avec le compte { rebours de sa mort programmée, elle n’a d’alliés que marginaux ou aliens, les seuls encore capables de raison et de tendresse dans ce tourbillon répressif de vertige paranoïaque. 

Rosa Montero choisit un avenir lointain pour nous parler de ce qui fait notre humanité, notre mémoire et notre identité, la certitude de notre mort et de celle de ceux que nous aimons. Ses personnages sont des survivants qui s’accrochent à la morale politique, à l’éthique individuelle, à l’amitié et à l’amour. Elle construit pour nous un futur cohérent, une intrigue vertigineuse et prenante pour nous parler de notre mort et de l’usage que nous faisons du temps qui nous est imparti. Elle écrit avec passion et humour, les outils essentiels pour comprendre le monde.

 

Cory Henry – The Revival

Cory Henry. Retenez bien ce nom. Il joue de l’orgue depuis l’âge de deux ans. The Revival est l’enregistrement live d’un concert donné au Grand Temple of Praise. Et ça donnerait presque envie d’accompagner mémé à la messe.

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Quel talent les amis ! Cory Henry donne à sa musique et à son orgue une teinte gospel, R&B, jazz, soul… Chacune des compositions de cet album s’étire dans des improvisations absolument géniales. Certains morceaux sont tout bonnement frénétiques, et rappellent l’incroyable talent de Ray Charles, qui faisait lever les foules lors de chacune de ses prestations live. Une superbe découverte !!

La peine capitale – Santiago Roncagliolo

Santiago Roncagliolo s’est distingué au milieu des années 2000 avec son roman Avril rouge, en remportant bon nombre de prix littéraires. La peine capitale est son dernier roman. Pour ma part, c’est la première fois que je lis cet auteur.

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La vie du lecteur de polar est faite de rencontres et de voyages. Un regard dans le rétro, et je m’aperçois que j’ai déjà pas mal bourlingué ces derniers mois: New York, Paris, Malte, Toronto, Washington, le Pays basque, le Chili, les Vosges, l’Antarctique et j’en passe…

Autant de lieux visités à travers la lecture de polars donc, souvent bien écrits ( c’est quand même quelque chose d’unique de traverser l’île de Malte aux côtés de Tannhauser), parfois non (mais comme dirait l’autre, c’est le jeu ma petite Lucette…).

Aujourd’hui le Pérou donc. Pourquoi le Pérou ? Qu’est-ce qui pousse le lecteur à passer quelques heures dans des contrées finalement très éloignées de son quotidien ?

Pour ma part, il y a souvent cette petite voix dans mon esprit, qui à la lecture d’une quatrième de couverture me souffle « Cela pourrait être intéressant, pourquoi ne pas le lire…? »
Puis la voix de la raison fait son retour: « Non, c’est du déjà lu, c’est loin le Pérou, et ça ne fera pas baisser ta PAL, les finances étant ce qu’elles sont, il va falloir passer ton chemin ami… »

Si le  lecteur a de l’intuition, qu’il la suive…

Je suis de plus en plus convaincu que suivre son intuition est beaucoup plus important que d’être « rationnel » dans la vie. Quoi qu’en dise Platon.

 

Ne pas avoir d’objectifs dans la gestion de sa Pal ou dans la vie. Les objectifs sont rigides, et rendent le lecteur esclave du plan établi. La vie est en désordre. La vie est aléatoire. La vie ne se déroule pas selon le plan.

Suivez votre intuition, si vous souhaitez continuer à prendre votre pied à la lecture de polar. Sortez de votre zone de confort, n’achetez pas systématiquement le dernier untel. Ne vous fixez pas  des objectifs visant à faire diminuer votre Pal. Qui pense sérieusement que de tels objectifs sont atteignables ?

Finalement, le lecteur n’a pas besoin d’explication pour suivre son intuition. Sans cette intuition donc, je n’aurai pas lu La peine capitale de Santiago Roncagliolo. Je serai plutôt dans la lecture du dernier Indridason, qui patiente dans ma Pal depuis un moment. Un achat raisonné celui-là. Ne dit-on pas « Une valeur sûre »?

La peine capitale, c’est l’histoire d’un anti-héros attachant, drôle, malin… Chacaltana est archiviste. Il enquête sur la mort de son ami Joachin. Nous sommes en 1978, en pleine coupe du monde de football en Argentine. Le Pérou vit ces quelques semaines au rythme du ballon rond, sauf Chacaltana. Il y a énormément de sincérité dans ce texte, les personnages transpirent l’authenticité et sont finalement bien loin des archétypes du polar. Et au fil de l’histoire, le tableau se noircit.  Nous suivons alors Chacaltana au gré de ses pérégrinations et de ses rencontres. Le plaisir de lecture est alors décuplé.

Une lecture enthousiasmante. Un nouvel auteur de découvert. Une Pal qui augmente. Des polars en veux-tu en voilà. Les copains bloggers qui ne lâchent pas le morceau.

Si le lecteur a de l’intuition, qu’il la suive…

 

La peine capitale – Santiago Roncagliolo, Métaillé noir

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Félix Chacaltana Saldívar est assistant-archiviste au Palais de Justice de Lima. Il vit avec sa mère, une veuve austère, bigote et mal embouchée. Il aime l’ordre, le code pénal, le bouillon de poulet et sa fiancée Cecilia, qu’il aimerait bien embrasser (mais comment ?). Jusqu’au jour où il tombe sur un bout de papier griffonné qu’il ne sait pas où classer. Dans la foulée, Joaquín disparaît.

C’est la Coupe du monde 1978, les matchs paralysent la ville, et notre parfait Candide se lance sans s’en rendre compte dans une enquête sordide sur fond d’opération Condor. Jamais à court de naïveté, il promène sa bonne foi inébranlable parmi les espions, les activistes, une blonde mystérieuse et un vétéran de la guerre d’Espagne, tous plus rompus que lui aux secrets du monde.

 

 

 

Avishai Cohen – Into the Silence

Le trompettiste  Avishai Cohen signe cette année sur le label ECM, avec son dernier album Into the Silence.

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Album hommage, enregistré quelques mois après le décès de son père, Avishai Cohen livre ici une partition tout en méditation, teintée d’une mélancolie certaine, mais sans jamais tomber dans une quelconque forme de tristesse.

Avishai Cohen maitrise complètement son environnement musical, ce qui lui permet de s’adonner à des improvisations millimétrées, proprement géniales et méditatives.

 

Et puis il faut évidemment évoquer les références multiples à Miles Davis. La comparaison est évidente, tant le jeu entre Avishai Cohen et son pianiste Yonathan Avishai rappelle l’intimité qui liait Miles et son pianiste Bill Evans.

Into the Silence me semble bien être un tournant dans la carrière d’Avishai Cohen.

Un album à écouter et réécouter…

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Point Zéro – Antoine Tracqui

Avec ce techno-thriller de haut vol, Antoine Tracqui livre ici son premier roman. Ca s’appelle Point Zéro, et ça vient de sortir chez Pocket.

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Tom Clancy, sors de ce corps !!

Antoine Tracqui développe dans Point Zéro une intrigue politico-historique du tonnerre, menée tambour battant sur près de mille pages ! Et le lecteur que je suis en redemande !

Comme dans tout techno-thriller qui se respecte, il y a des personnages mythiques, ou héroïques c’est selon. Point Zéro ne déroge pas à la règle avec trois personnages qui se démarquent très clairement: une incroyable et insubmersible Poppy Borghese, sorte de Lisbeth Salander, le côté geek en moins, le dénommé Caleb « Hollywood chewing gum » McKay (c’est lui le héros du livre, façon Ethan Hunt dans Mission Impossible) et une bête féroce, cannibale à souhait, sorte de Frankenstein des temps modernes. C’est sûr, ça décoiffe. Mais pas que. Tout le génie d’Antoine Tracqui, c’est de nous servir un pur techno-thriller au service d’une intrigue diablement prenante et intelligente. Du divertissement donc, mais surtout une histoire qui prend rapidement le lecteur par la main pour ne plus la lâcher.

Mille pages les amis, vous n’aurez jamais lu aussi rapidement mille pages. Cerise sur le gâteau, le bougre d’Antoine Tracqui a déjà récidivé, avec Mausolée, et Caleb McKay est encore de la partie… ouhou…

 

Point Zéro – Antoine Tracqui – Pocket

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1938. Italie. Dans les rues de Palerme, un jeune fuyard tente d’échapper à la police secrète de Mussolini. Dans sa main, une mallette dont le contenu semble exciter bien des convoitises.

1944. États-Unis. Sur une route poussiéreuse du Middle West, trois hommes d’exception jettent les bases d’un projet qui pourrait bien changer l’issue de la guerre. De nos jours. Caleb McKay, un ex-SAS reconverti dans les missions de sauvetage à risque maximal, est recruté par un milliardaire excentrique pour rejoindre un point bien précis du littoral Antarctique où, quelques jours auparavant, un satellite espion a fait une incroyable découverte.

Très loin de là, au fin fond de la Russie, un vieil homme interrompt prématurément sa partie de chasse pour se mettre lui aussi en route…

Du tréfonds du sous-sol africain aux pentes de l’Etna en passant par les côtes désolées du continent austral s’enclenche une course contre la montre à la recherche d’un des secrets les mieux gardés de l’Histoire.

Aux animaux la guerre – Nicolas Mathieu

Aux animaux la guerre est un premier roman d’un jeune auteur français prometteur.

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Martel, Bruce et consorts sont les laissés-pour-compte de la société. Ces ouvriers  vivent plans sociaux sur plans sociaux jusqu’au jour où le travail manque. La paye faisant défaut, toutes les combines pour s’en sortir deviennent bonnes à prendre, mêmes les plus terribles. Polar social donc, où l’auteur positionne sa focale sur ceux qui n’ont plus rien à perdre puisque tout leur a déjà été pris.  Mais également polar provincial. L’action se déroule principalement dans les Vosges, et l’auteur en fait une peinture des plus moroses.

C’est sûr, c’est le genre de lecture qui rappelle au besoin, combien notre mode de vie et le fonctionnement de notre société occidentale peut s’avérer être terriblement cruel pour certains. Le monde ouvrier apparaît bel et bien comme anachronique, la loi du marché dictant sa loi, aussi impitoyable soit-elle.

Martel (et les personnages qui l’entourent) se situe aux lisières de cette société.  Ne dit-il pas que « les possesseurs sont possédés ? » N’a-t-il pas délibérément construit une vie sans attaches, sans biens de valeur, sans liens avec autrui. Martel est l’anti-héros par excellence, un personnage complexe et passionnant.

J’ai été comme hypnotisé par la noirceur de ce récit. Impossible de se défaire de ces personnages et des péripéties que la vie leur réserve. Le lecteur vit à leurs côtés leur descente aux enfers. Roman noir donc.

 

Aux animaux la guerre, Nicolas Mathieu – Babel Noir

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Une usine qui ferme dans les Vosges, tout le monde s’en fout. Une centaine de types qui se retrouvent sur le carreau, chômage, RSA, le petit dernier qui n’ira pas en colo cet été, un ou deux reportages sur France 3 Lorraine Champagne-Ardenne, et basta. Sauf que les usines sont pleines de types n’ayant plus rien à perdre. Comme ces deux qui ont la mauvaise idée de kidnapper une fille sur les trottoirs de Strasbourg pour la revendre à deux caïds qui font la pluie et le beau temps entre Épinal et Nancy.
Une fille, un Colt 45, la neige, à partir de là, tout s’enchaîne…