Les enfermés – John Scalzi

John Scalzi, auteur de romans  plus que prolifique (d’après la couverture du livre, il a signé un contrat sur 10 ans avec une maison d’édition qui l’engage sur 13 romans…), réalise avec « Les enfermés » un superbe roman hybride.

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C’est du Thriller ça, non? Il y a du sang, une victime, un canapé poussé par la fenêtre de la chambre d’un hôtel. Il y a Chris Shane, fils d’un riche magnat de l’immobilier, toute nouvelle recrue du FBI qui mène ici sa première enquête.  Il y a Leslie Vann, partenaire de Chris Shane au FBI, qui boit, qui fume… Il y a donc un corps, un mystère, un enquêteur endommagé…

Mais il y a aussi un monde imaginé par l’auteur, qui colore son roman d’une teinte purement SF. Chris Shane est un « Haden ». Pour faire simple, les Hadens sont atteints d’un virus (une forme particulière de grippe) qui les prive de l’usage de leur corps. Chris Shane utilise donc un androïde qui abrite son esprit, pour évoluer dans le monde qui l’entoure. Sa partenaire Leslie Vann est une ancienne « intégratrice », son cerveau a été modifié suffisamment pour être en mesure de créer un réseau neuronal avec un Haden, afin que celui-ci puisse utiliser son corps plutôt qu’un androïde.  La construction de ce monde futuriste est franchement réussie: tout paraît plausible. Je me suis très rapidement familiarisé avec ce contexte, l’auteur jouant avec notre imaginaire sans jamais tomber dans le grotesque.

Autre point fort du roman, la critique sociale sous-jacente. Il est question du traitement du handicap, de troubles civils, d’oppression des minorités et du danger que représente certaines grandes entreprises avides de pouvoir et de gain.

Mais finalement, ce qui m’a le plus impressionné, c’est la création d’une véritable culture néo-technologique. Au lieu d’envisager un destin post-apocalyptique avec cette méchante grippe, Scalzi imagine une nouvelle société qui intègre les Hadens. Les Hadens ont créé un monde virtuel appelé « l’Agora » où ils peuvent interagir les uns avec les autres, à tel point que certains Hadens, qui ont contracté le virus étant nourrisson, sont plus à l’aise dans ce monde virtuel que dans la réalité.

Ce roman m’a franchement enthousiasmé pour les deux facettes qu’il présente: tantôt SF, tantôt Thriller. Un vrai divertissement donc.

 

Les enfermés, John Scalzi – Editions L’Atalante

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Un nouveau virus extrêmement contagieux s’est abattu sur la Terre. Quatre cents millions de morts. Si la plupart des malades, cependant, n’y ont réagi que par des symptômes grippaux dont ils se sont vite remis, un pour cent des victimes ont subi ce qu’il est convenu d’appeler le « syndrome d’Haden » : parfaitement conscients, ils ont perdu tout contrôle de leur organisme ; sans contact avec le monde, prisonniers de leur chair, ils sont devenus des « enfermés ».
Vingt-cinq ans plus tard, dans une société reformatée par cette crise décisive, ces enfermés, les « hadens », disposent désormais d’implants cérébraux qui leur permettent de communiquer. Ils peuvent aussi emprunter des androïdes qui accueillent leur conscience, les « cispés », voire se faire temporairement héberger par certains rescapés de la maladie qu’on nomme « intégrateurs »…

Haden de son état, Chris Shane est aussi depuis peu agent du FBI. À sa première enquête, sous la houlette de sa coéquipière Leslie Vann, c’est justement sur un intégrateur que se portent les soupçons. S’il était piloté par un haden, retrouver le coupable ne sera pas coton.
Et c’est peu dire : derrière une banale affaire de meurtre se profilent des enjeux colossaux, tant financiers que politiques.

Condor – Caryl Férey

Quatre ans après le superbe Mapuche, Careyl Ferey revient d’Amérique du sud avec le génial Condor.

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Caryl Férey, c’est une « valeur sûre du polar français ». Tels sont les mots employés par mon libraire lorsque j’ai acheté Condor. Connaissant quelque peu l’auteur pour avoir lu toute son oeuvre, je n’ai que pu acquiescer gentiment. Tout était dit.

Qu’est-ce qui permet à un auteur d’atteindre le statut de valeur sûre? Peut-être cette capacité à développer un propos passionnant et intelligent autour de personnages forts et profonds, de façon régulière, c’est-à-dire à chaque roman. C’est évident que le lecteur ne peut que s’emballer pour ce type de roman. C’est ni plus ni moins la prouesse incroyable que réalise Caryl Ferey. Je ne vois aucune fausse note dans sa bibliographie.

Condor est passionnant car il place le lecteur dans un contexte peu connu, le Chili, et lui donne les clés pour comprendre ce pays et sa population.Condor développe une intrigue intelligente d’où émerge deux personnages absolument sublimes, Gabriela et Esteban.

C’est finalement  Caryl Férey lui même qui parle le mieux de son roman:

 

Ce roman « chilien » est à la fois cousin de Mapuche pour sa proximité historique et géographique, le couple amoureux qui s’y déploie envers et contre tous, la visite sociologique du pays depuis les banlieues ostracisées de Santiago jusqu’à l’oligarchie locale, et les thèmes qui me sont chers – fascisme ordinaire, néolibéralisme exacerbé, conditions des peuples autochtones et d’une planète mise à mal par l’incurie de gouvernements clientélistes… Condor est aussi bien différent de mes autres livres « étrangers » : la violence y est moins brute (l’insécurité au Chili est sociale), le chaos plus psychologique, avec un rapport quasi mystique entre les personnages d’Esteban et Gabriela. Il y a surtout un roman dans le roman, pierre angulaire du livre, explorant d’autres territoires du polar. C’est ce qui m’intéresse, au-delà du genre que j’affectionne. La profondeur des personnages créent l’empathie. Entre Stefano, l’ancien gauchiste revenu d’exil pour y monter un cinéma de quartier, Gabriela la jeune vidéaste au destin de machi (chamane Mapuche) contrasté, et Esteban, gosse de riches devenu l’avocat des causes perdues spécialisé dans le sabotage tout azimut, mon cœur balance d’une joie féroce au désespoir ici institutionnel.
Source: carylferey.com

 

Vous l’aurez compris, Condor est mon coup de coeur de ce début d’année.


Condor – Caryl Férey, Série Noire

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Condor, C’est l’histoire d’une enquête qui commence dans les bas-fonds de Santiago, submergés par la pauvreté et la drogue, pour s’achever dans le désert minéral d’Atacama… Condor, c’est une plongé dans l’histoire du Chili, de la dictature répressive des années 1970 au retour d’une démocratie plombée par l’héritage politique et économique de Pinochet… Condor, c’est surtout une histoire d’amour entre Gabriela, jeune vidéaste mapuche qui porte l’héritage mystique de son peuple, et Esteban, avocat spécialisé dans les causes perdues, portant comme une croix d’être issu d’une grande famille à la fortune controversée…

 

Gregory Porter – Take me to the alley

Preview – Cela fait trois ans que l’on attend cela: Gregory Porter, l’immense bluesman à la voix si singulière revient le 6 mai 2016 avec un nouvel album « Take me to the alley », sur le label Blue Note. Patience, patience donc, que le mois d’avril va être long…

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D’ici là, un premier single est disponible depuis début mars: Don’t lose your steam

 

Carnets noirs – Stephen King

Après le plutôt réussi Mr Mercedes, Stephen King revient au polar avec Carnets noirs.

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Bon alors là, je pense que les auteurs de romans policiers peuvent commencer à trembler sérieusement, le King rejoue à nouveau sur leur terrain de jeu, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il écrase facilement la concurrence. Voilà, comme ça, c’est dit ! Bon maintenant il faut argumenter…

J’ai en premier lieu apprécié la structure narrative. Pour faire simple (et donc pour caricaturer), le roman policier c’est souvent un meurtre dans le premier chapitre, une enquête menée par un personnage souvent torturé, quelques rebondissements, une météo à chier (non non je n’abhorre  pas les « romans nordiques ») etc. Bon j’exagère sans doute, et puis parfois il est vrai qu’il arrive de pleuvoir à Oslo, certes…
Stephen King raconte lui dans toute sa première partie (pas loin d’un tiers du livre) comment  les actes et leurs conséquences des différents protagonistes vont conduire à l’enquête qui sera menée par Bill Hodges (personnage dont on a pu faire connaissance dans Mr Mercedes). Cette entrée en matière m’a vraiment enthousiasmée car le lecteur vit au plus près des personnages les tenants de l’intrigue, avant même le début de l’enquête.

Alors quand arrive Bill Hodges, il reste deux tiers du livre et le lecteur pense  déjà avoir tout compris… C’est mal connaître le King…
La deuxième partie du livre a confirmé mes premières impressions: quel plaisir de lecture. Je me suis ré-ga-lé à suivre les différents personnages décrits dans ce roman. Comme souvent avec Stephen King, l’empathie pointe le bout de son nez, je pense  en particulier au personnage de Pete Saubers (dont la structure familiale ne tient qu’à un fil) qui découvre un trésor (qui n’en n’a jamais rêvé étant gamin ? ) et sera au centre de l’intrigue. Se développe également une sympathie grandissante pour Bill Hodges et son équipe. Et puis disons le clairement, les thématiques développées par Stephen King sont souvent les mêmes (addictions, pop culture, références multiples à ses précédents romans (nombriliste le King? Noooonnn !) rapport à la littérature, etc.), mais il les maitrise aujourd’hui à la perfection.

Un superbe moment de lecture donc.

Bon maintenant j’attaque le dernier Indridason…

Carnets noirs – Stephen King

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En prenant sa retraite, John Rothstein a plongé dans le désespoir les millions de lecteurs des aventures de Jimmy Gold. Rendu fou de rage par la disparition de son héros favori, Morris Bellamy assassine le vieil écrivain pour s’emparer de sa fortune, mais surtout, de ses précieux carnets de notes. Le bonheur dans le crime ? C’est compter sans les mauvais tours du destin… et la perspicacité du détective Bill Hodges.

Après Misery, King renoue avec un de ses thèmes de prédilection : l’obsession d’un fan. Dans ce formidable roman noir où l’on retrouve les protagonistes de Mr. Mercedes (prix Edgar 2015), il rend un superbe hommage au pouvoir de la fiction, capable de susciter chez le lecteur le meilleur… ou le pire.

Les affinités – Robert Charles Wilson

Un nouveau roman de Robert Charles Wilson, c’est toujours un superbe moment de lecture. Avec les affinités, au éditions Denoël, Robert Charles Wilson nous offre une pépite.

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Nous sommes au Canada, aux côté d’Adam Fisk, jeune homme sans aucune autre ambition que de s’échapper des griffes d’un père des plus détestables. Suite à un malheureux incident, Adam va prendre une décision qui va bouleverser sa vie: il va suivre un programme d’évaluation afin de déterminer s’il correspond à l’une des 22 affinités existantes.

Les affinités… Les affinités sont des groupes qui réunissent des personnes aux profils compatibles, tant et si bien que de façon très intuitive les interactions sociales entre les individus qui composent le groupe sont poussées à leur paroxysme. Chaque individu trouvera dans son affinité la confiance du groupe, l’amitié du groupe, l’amour du groupe. Le groupe, l’affinité à laquelle on appartient, prend le dessus sur les autres cadres existants: famille, religion, état… Le modèle des affinités va rapidement devenir dominant et se développer au monde entier.

Robert Charles Wilson développe ni plus ni moins l’une des possibles évolutions des réseaux sociaux. Et en cela, le roman est passionnant. Un pur moment d’anticipation.

L’auteur nous permet de suivre cette évolution aux côtés de personnages forts, tourmentés pour certains, déterminés pour d’autres. Comme toujours avec Robert Charles Wilson, l’individu occupe la place centrale du roman. Il s’agit bien de suivre quelles sont les répercussions d’une possible évolution de la société sur tous ces personnages.

Sans en dire trop sur l’intrigue, je ne peux que vous recommander de lire ce roman qui se révèle être une réflexion intelligente sur un possible avenir de nos sociétés. Une pépite.

 

Les affinités – Robert Charles Wilson

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Adam Fisk s’est installé à Toronto pour suivre des études de graphisme que lui finance sa grand-mère. Là, il s’est inscrit à un programme payant pour déterminer à laquelle des vingt-deux Affinités il appartient. Adam est un Tau, une des cinq plus importantes de ces nouvelles familles sociales théorisées par le chercheur Meir Klein. Quand la grand-mère d’Adam, diminuée par une attaque, est placée dans une maison de retraite, le jeune homme n’a plus les moyens de suivre ses études. Mais être un Tau confère des avantages qu’il va vite découvrir : travail rémunérateur, opportunités sexuelles, vie sociale pleine et satisfaisante. Tout est trop beau, trop facile. Tout va très vite pour Adam… et il en est de même pour le reste du monde, car le modèle social des Affinités est en train de s’imposer. Malheureusement, dans l’histoire de l’Humanité, aucun changement radical ne s’est fait sans violence.

 

City on fire – Garth Risk Hallberg

Garth Risk Hallberg est un jeune auteur américain qui a pour ainsi dire touché le gros lot. Le manuscrit de son premier roman a été acheté par une maison d’édition pour plus de deux millions d’euros. Les plus cyniques diront plutôt qu’il a un très bon agent.

 

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J’ai été attiré par ce roman en partie pour son personnage principal: NEW YORK.
J’ai eu la chance de voyager à peu près aux quatre coins de la planète, et je ne me suis jamais senti plus vivant que quand j’étais à New York. Dire que j’adore cette ville est un doux euphémisme. Alors bien sûr, je lis énormément d’histoires se déroulant dans la grosse pomme, dont City on fire donc.

City on fire, c’est 1 000 pages et autant le dire tout de suite, si l’auteur ne captive pas rapidement son lectorat, ce dernier risque de passer son chemin, ce qui fut mon cas…

Je n’ai en effet pas pu achever la lecture de ce livre et ai dû me résoudre à le refermer sans avoir pu passer le cap des 400 pages…

Pourtant le livre présente des atouts certains: une intrigue qui se dessine au fil des pages, des personnages envers qui on ne peut que ressentir de l’empathie, une époque (les années 70) et une ville sexy à souhaits…

Plus encore, l’écriture de Gath Risk Hallberg (et le travail de traduction) est une pure merveille.

Seul bémol, mais de taille, l’ennui s’est peu à peu fait ressentir, et ce malgré les qualités énoncées précédemment.

Alors quand arrive le cap des 400 pages… il en reste 600… ça sera sans moi.

Je ne souhaite pas forcément appuyer sur d’autres éléments qui m’ont quelque peu ennuyé car je n’ai finalement pas lu suffisamment de pages pour porter un jugement définitif. Je suis curieux de lire les avis des autres bloggers, et qui sait, si on me révèle qu’à la page 400 il se passe une chose incroyable, peut-être me replongerai-je à nouveau dedans.

D’ici là, le me lance dans le dernier Robert Charles Wilson.


City on fire, Robert Risk Hallberg, Ed. Elon

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31 décembre 1976. New York se prépare pour le réveillon. Chez les Hamilton-Sweeney, Felicia accueille financiers et mondains tandis qu’à l’autre bout de la ville, dans le Lower East Side, Charlie, venu de Long Island, attend Sam pour assister à un concert punk. Mais Sam a un autre rendez-vous auquel elle tient plus que tout. Elle retrouvera Charlie dans quelques heures à la station de métro de la 72e Rue. 

À quelques encablures de là, dans Hell’s Kitchen, Mercer Goodman tourne et retourne un délicat carton d’invitation. Et s’il se rendait à la réception des Hamilton-Sweeney pour retrouver Regan, cette sœur que William, en rupture avec sa famille, lui a toujours cachée ? Pourquoi ne pas saisir l’occasion d’en apprendre plus sur William, son amant, l’ancien leader du groupe punk Ex Post Facto ? Bientôt, des coups de feu retentissent dans Central Park.
Une ombre s’écroule dans la neige… Qu’est-ce qui peut bien unir ces êtres – qui n’auraient jamais dû être amenés à se rencontrer – à un meurtre commis au cœur de Central Park ? Au sein de ce roman choral, leurs histoires s’entremêlent et nous entraînent dans les recoins les plus infimes de la ville. Une presse dithyrambique ! « Un roman brillant qui enveloppe une ville entière d’amants et d’ambitieux, de saints et d’assassins » The Washington Post « Une épopée épique sur la condition humaine à la fois ambitieuse et sublime » Vanity Fair « Un roman à l’ambition étonnante et à la force stupéfiante » The New York Times « Un roman électrisant qui fait revivre le Manhattan brut des années 70.

Au fer rouge – Marin Ledun

Au fer rouge est le quatorzième roman de Marin Ledun, le second situé au cœur du conflit au pays basque après le superbe L’homme qui a vu l’homme.

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Si nous retrouvons certains des protagonistes du précédent roman, Au fer rouge peut très bien se lire indépendamment. L’histoire met en scène pléthore de personnages : flics, barbouzes, politiques, militants basques, écolos, mafieux, prostituées,… Tous vont se retrouver pris dans un engrenage infernal lorsque le corps d’un trafiquant de drogue sera retrouvé dans une valise échouée sur une plage.

Il est question de drogue, de sexe, de corruption, de violence. Marin Ledun décortique méticuleusement les agissements de personnages complexes, naviguant des deux côtés de la loi. Au fil des pages (que le lecteur tourne très très vite), l’auteur décrit un système mafieux qui s’apparente à un château de cartes, dont la moindre secousse peut mener à sa chute.

Deux personnages sortent clairement du lot :
– Aaron Sanchez, barbouze-mercenaire brutal, féroce, intelligent et impitoyable, est ce génial anti-héros que le lecteur adore détester.
– Macrina, prostituée espagnole, qui tel le roseau, pliera tout au long du récit sans jamais céder.

L’écriture de Marin Ledun est grisante, nerveuse et très cinématographique. C’est bien à Michael Mann que l’on pense à la lecture de certains passages. Le lecteur se régale, lit avec avidité cette histoire qui révèle la part d’ombre qui habite chacun des protagonistes. Une belle réussite.

Au fer rouge, Marin Ledun – Editions Ombres noires

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Madrid, 11 mars 2004, dix bombes explosent dans des trains de banlieue. Rescapée, le lieutenant Emma Lefebvre entre en guerre contre le terrorisme. La découverte d’une valise contenant le cadavre d’un trafiquant de drogue espagnol, échouée sur une plage landaise, dix ans plus tard, ravive les vieilles blessures. Emma met bientôt au jour une véritable organisation mafieuse, avec à sa tête Javier Cruz, seigneur de l’antiterrorisme. Des rives du fleuve Nervión aux bas-fonds de Bayonne, des banlieues déshéritées de Madrid aux palaces de la côte basque, la géographie de la corruption n’a pas de frontières.

Le bonheur national brut – François Roux

Après deux lectures assez éprouvantes, j’avais besoin de souffler un peu. Le Bonheur national brut, roman écrit par François Roux en 2014 a parfaitement répondu à mes attentes.

C’est mon libraire qui a titillé ma curiosité avec ce roman qu’il présente comme étant « une histoire que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ».
Le récit narre l’histoire de quatre amis dont on suit la vie et ses péripéties sur trois décennies.

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Nostalgie, quand tu nous tiens…

François Roux nous propose un véritable voyage dans le temps. De l’insouciance des années 80 (toute mon enfance) à l’ère du numérique des années 2000, en passant par l’apogée capitaliste des années 90 (toute mon adolescence). Les quatre personnages du roman traversent les décennies au rythme des événements nationaux que nous avons tous encore en mémoire, et des soubresauts que leur réservera leur vie. C’est incroyable à lire: j’ai retrouvé dans chacun des 4 personnages des souvenirs, des anecdotes qui me sont propres. En cela, le roman « parle » véritablement au trentenaire que je suis.

Au-delà du témoignage d’une époque pour partie révolue, le récit, de part la destinée qu’il réserve à ses personnages, déploie un puissant souffle qui emporte le lecteur dans un tourbillon de sentiments. Là réside l’autre force du livre. Une vraie réussite.

 

« Une histoire que les moins de vingt dans ne peuvent pas connaître… »
A moins de lire Le Bonheur national brut…

Le bonheur national brut, François Roux – Livre de Poche

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10 mai 1981, François Mitterrand est élu, la France bascule à gauche, saisie d’émoi. Pour Paul, Rodolphe, Benoît et Tanguy, dix-sept ans à peine, pas encore le bac en poche, tous les espoirs sont permis, même au fin fond de leur province bretonne. Vivre son homosexualité au grand jour et monter à Paris pour Paul ; embrasser une carrière politique pour Rodolphe ; devenir photographe pour Benoît, fils d’agriculteurs ; suivre la voie de Bernard Tapie pour Tanguy. Trente-et-un ans plus tard, que reste-t-il de leurs rêves, au moment où le visage de François Hollande s’affiche sur les écrans de télévision ?

Le Bonheur national brut dresse, à travers le destin croisé de quatre amis d’enfance, la fresque sociale, politique et affective de la France de ces trois dernières décennies. Roman d’apprentissage, chronique générationnelle, le texte de François Roux réussit le pari de mêler l’intime à l’événementiel d’une époque, dont il restitue le climat avec une sagacité et une justesse percutantes.

The Whistleblowers – Linx, Fresu, Wissels

Quinze ans ! Il aura fallu attendre quinze ans pour écouter à nouveau David Linx, Paolo Fresu et Diderik Wissels dans leur nouveau projet commun qui s’intitule The Whistleblowers, et c’est sur le label Bonsaï music que ça se passe.

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Deuxième album donc du trio composé du chanteur belge David Linx (auteur des paroles), de Paolo Fresu à la trompette et du pianiste néerlandais Diderik Missels.
Ce nouvel album est composé de 13 chansons originales, mélodieuses à souhait, témoignant d’une sensibilité incroyable. La trompette de Frésu raisonne à merveille derrière la poésie de Linx, le tout étant accompagné par le lyrisme que Wissels donne à ses partitions. L’ensemble est d’une rare homogénéité, ou comment la relation entre le son et le chant est magnifié par des artistes aguerris, libres et inventifs.

 

Courrier des tranchées – Stefan Brijs

Changement de registre, après le terrible 6 jours de Ryan Gattis, je me suis plongé dans ce roman historique écrit par un auteur belge qui vaut le détour.

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Roman historique. Roman initiatique.

Courrier des tranchées narre l’histoire de John, jeune étudiant dans le Londres du début du XXe siècle. Nous sommes en 1914 et tout Anglais en âge d’aller faire la guerre s’engage, guidé par une certaine forme de bravoure, de fierté. Et bien John lui, préfère se consacrer à ses études et sa passion la littérature, plutôt que de tuer.  Dès lors, sa vie va se bouleverser du tout au tout: il va subir les railleries des uns, les insultes des autres et d’aucun ne réussira à comprendre son choix. Quand arrive le jour où John apprend la mort de son meilleur ami, tué sur le champ de bataille, il n’aura de cesse de vouloir découvrir ce qui s’est véritablement passé pour son ami.

Ce roman, au-delà de l’aspect historique, s’apparente bien plus à un roman initiatique où comment le héros, après de multiples péripéties, se construit et entre dans l’âge adulte.

Ce livre m’a enthousiasmé pour plusieurs raisons:
– le caractère inédit de l’intrigue, la focale étant posée sur ces facteurs qui, en temps de guerre étaient désignés pour porter les lettres qui annonçaient la mort des soldats;
– le rythme du récit, qui prend le temps de peindre des personnages complexes, tout en captivant le lecteur avec finalement très peu de temps morts;
– les thématiques abordées, avec notamment de superbes passages sur la force de l’amitié;
– et bien évidemment le souffle romanesque qui émane de cette extraordinaire histoire.

Alors bien sûr, la réalité de la guerre est cruelle, et l’auteur ne l’oublie pas  en faisant vivre à son héros les drames les plus terribles et jusqu’à la dernière page, le lecteur est pris aux tripes…

Une lecture enthousiasmante je vous dis !

Courrier des tranchées, Stefan Brijs, Editions Heloïse d’Ormesson

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Londres, à l’aube de la Première Guerre. John refuse de s’enrôler, à l’inverse de son meilleur ami Martin, mû par un patriotisme vibrant. Bercé par Keats et Thackeray, John préfère se consacrer à la littérature, loin de la violence du conflit. Mais celle-ci ne va pas tarder à se rappeler à lui lorsqu’il découvre une terrible lettre, que son père, facteur, a omis de remettre à la mère du jeune soldat.
Fresque d’une période où les notions de courage et de lâcheté paraissent soudain floues, Courrier des tranchées raconte le gouffre entre l’exaltation de la guerre et son effroyable réalité. En virtuose de la construction romanesque, Stefan Brijs donne chair à des personnages déchirants, portés par une intrigue ingénieuse qui surprendra le lecteur jusqu’à la dernière page.